J'en rêve tous les jours de cette grande épopée où nous serons amants, comme avant, avant les bombes artisanales, avant notre propre sabotage. Gaspillé l'amour comme s'il coulait de source, ne pas savoir que le réservoir était troué, fissuré, fuite invisible à l'oeil nu que nous aurions du entendre, mais entre nous, nous ne nous sommes jamais laissé assez de silence pour le faire. Ta bouche contre la mienne et les dents qui claquent, le froid, la séparation, les mots trop grands ou trop petits, trier les lieux et les souvenirs, se complaire de tristesse dans les beaux moments et se garder les laids pour plus tard.
J'effleure souvent de mes mains moites le calendrier où mes doigts humides laissent des traces d'encre sur le papier, indélibiles, inachevées. Les jours s'écoulent et je reste là, pas prisonnière de moi non mais bien pire, prisonnière de toi. Les dates changent, les images des mois aussi, hier encore c'était la plage et aujourd'hui un parc où on enterre les morts, l'automne, la forêt, les feuilles. Tous morts. Je ne vois que ça, je m'écoule tranquille et docile et parfois, je crois entendre ta voix, c'est le vent et les arbres qui meurent, il y a si longtemps que je n'ai pas aimé que je n'ai pas rêvé je te confond avec la banalité dans laquelle a pris racine ma vie.
Je vois ton retour comme une fête avec des banderoles et la tête qui tourne à force de gonfler des ballons pas d'hélium tu comprends tu t'es envolé une fois c'est assez, juste mon souffle et ma salive, comme la fois où nous avions organisé une fête et qu'il avait plu toute la journée. J'avais pleuré un peu et toi, tu soupirais déjà.
dimanche 10 janvier 2010
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