mercredi 2 février 2011

J'écris toujours quand je dois faire des travaux urgents à remettre demain mais bon.

- Quand tu me parles, je vois la marée, la marée comme quand j'étais enfant. Je m'approchais et je ne connaissais pas la réelle signification du phénomène. J'érigeais des montagnes, des châteaux, je creusais la terre à même mes blanches mains, le sable sous les ongles et la peau qui craque sous soleil. Peu à peu, les vagues chatouillaient mes créations, et je pleurais quand l'eau s'y immisçait. Les personnages imaginaires de mes histoires se noyaient eux aussi, mes amis invisibles, l'eau emportait mes heures de jeux au loin, tout se mélangeait, je n'étais plus unique, je voyais au loin le petit garçon pleurer lui aussi, son chevalier avait quitté la muraille et il pleurait, et tu vois, c'est un peu ça que tu fais aussi.

Ma mère me criait de revenir plus près des serviettes, parce que c'est dangereux, la marée, le courant, les vagues, les tourbillons - mais pas les requins, les requins n'existent pas dans mes contes, jamais, ça fait trop peur. Tu me menaces comme la marée. Et même après en avoir su l'origine, ça n'a rien changé. J'ai toujours eu peur des marées. Et de la lune aussi. Comment une si belle chose pouvait-elle bouleversé le cours de la vie de cette façon ? Détruire des châteaux de sable, c'est si cruel. Un château de sable, par définition, c'est fragile. Et le vent peut très bien se charger de le démolir...

- Le vent, la marée, au final...c'est la nature qui s'en charge, ça revient au même.

- Pas du tout. Le vent c'est innocent, c'est léger, c'est partout. Le vent n'est pas pervers.

- Et les tornades ? Et les ouragans?

- La faute aux marées.

- Et la grêle, la pluie torrentielle les inondations ?

- Je blame les marées.

- C'est absurde.

- Je sais. Je ne cherche pas à te convaincre que ma peur des marées est rationnelle, pas plus que je n'essaie de te prouver que je t'aime contre mon gré. Mais tout ça...crois-moi, c'est la faute aux marées.