Bin coudon, hein. Je pensais à ça pendant mon cours. On s'est aimé comme on se quitte, tout simplement sans penser à demain, à demain qui vient toujours un peu trop vite, aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien.
lundi 30 mars 2009
Déclaration
Bin coudon, hein. Je pensais à ça pendant mon cours. On s'est aimé comme on se quitte, tout simplement sans penser à demain, à demain qui vient toujours un peu trop vite, aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien.
jeudi 26 mars 2009
Dans la rue
mardi 24 mars 2009
Les tours de riz
7, sur l’écran – « Un petit autel où on étend mes cendres de terre et mes os de soie. Des fleurs de papier mâché et de plastique recyclé dans des vases de terre mouillée. Un éventail de mes visages et de mes cheveux, morceaux d’il y a longtemps, d’il était une fois, il existait une moi vivante. De cette manière lourde et tachée par les suicides des grands cygnes, j’ai mis ma main dans ma bouche jusqu’à ce que mes doigts grattent mon estomac. Et elles pleurent ces jours où elles ne m’ont pas aimé assez, elles pleurent ces jours d’involucres et d’anémie de noir, quand je ne savais pas que j’allais trancher mon nez et découper mes bras mous, m’ensemencer dans la mort de charbon.
1 et 2 entrent en scène. 1 porte un voile de mariée et son téléphone, qu’elle dépose près de l’autel. 2 porte sa casquette aux couleurs criardes, elle joue un peu de son xylophone et s’en départi près de l’autel, elle aussi.
1 et 2, psalmodiant – « Gloire à toi et à ton nom
Puisses-tu lancer des craies de cire
Dans les carrés de marelle
Puisses-tu vivre encore un peu
Dans nos parchemins d’étoiles
Puisses-tu mourir un peu plus longtemps
Que le grondement de nos gorges éteintes.
2 – « Amen. »
1 – « Amen. »
1 – « Je ne sais pas où sont les autres pivoines. Penses-tu qu’elles vont venir ? »
2 – « J’avoine en ce sens. Je l’espoire. »
Petit silence.
2 – « Penses-tu que ça fait mal, mourir ? »
1 – « Dis pas ça. On doit dire arrêter de vivre, on dit pu ça mourir maintenant. Ça fait trop mal aux cœurs de ceux qui meurent moins vite. »
Silence, durant lequel 1 va se recueillir de nouveau. Puis…
2 – « Ok debord. Penses-tu que ça fait mal, arrêter de vivre ? »
1 – « Je sais pas. » Elle rejoint 2 qui s’est assise. « Penses-tu qu’elle a senti qu’on l’enflammait ? »
2 – « Je sais pas. » Elle regarde nerveusement autour d’elle, comme si elle commettait un geste interdit. « Tu penses-tu qu’elle était vraiment…pas en vie quand ils l’ont trouvé ? Pis quand ils l’ont encendré ? »
1 – « Penses-tu qu’elle le sait, qu’elle vit moins qu’avant? »
2 – « Qu’elle est mmm…mortifiée ? »
3 entre en scène. Elle traîne une grosse croix qu’elle adosse contre l’autel. Elle porte un sac-à-dos en peluche.
3 – « Moi je pense qu’on le sait quand on arrête de vivre parce qu’après, on peut manger les nuages. »
2 – « Penses-tu que ça goûte bon ? Qu’on guimauve dans nos bouches, que ça glisse dans nous pis que ça nous enveloppe, t’sé, comme un vrai nuage? »
1 – « Viens t’asseoir, on va se rappeler les jours doucereux pis les jours heureux, viens on va se serrer comme des hiboux pis on va croire qu’on va pas arrêter jamais de vivre, nous. Mais avant, prie. C’est juste ça qu’elle nous a demandé avant d’avaler la lune. »
3 – « Je prie déjà, j’ai ma croix pis ça, ça vaut tous les boutons d’or de ma voix ou de mon foie. »
Entre 4. Elle porte des grosses lunettes de couleur et un petit bibelot de chat.
4 – « Moi je pense pas qu’elle bouffe des nuages, moi je pense qu’elle dévore les marées de rêves perdus, les rêves déchus qui se ramassent là-bas quand on arrête d’y croire. »
Les autres sont heureuses de la voir. Sur l’écran, 7 suit attentivement la conversation et le déroulement de ses funérailles.
2 – « Peut-être que si on monte sur la croix pis qu’on s’accroche aux stalagmites d’air, peut-être qu’on va la ramener avec nous ! »
4 – « On pourra pas, moi je pense pas qu’elle se balance sur de la ouate, moi quand je pense à elle, j’entends de la musique de carrousel, pis je nous vois pas attraper un poney de cirque au lasso. »
Petit silence durant lesquels les trois autres réfléchissent un peu. Elles avaient commencé à redresser la croix qu’elles laissent alors tomber sur le sol. 7 sursaute. Elles retournent s’asseoir, accablées.
1 – « J’aimerais ça moins vivre, des fois. J’aimerais ça m’étendre dans l’encre pis attendre qu’on m’y écrive. J’aimerais ça être comme la brume ou comme le sable. J’évapore ou je condense. Plus tard, j’aimerais ça être un phénomène météorologique. »
Entre 5. Elle a une couronne de princesse sur la tête. Elle emmène comme offrande à 7 un flamant rose en plastique, qu’elle place près de la croix.
5 – « Moi je pense que vous avez rien compris. Vous vous bouchez le nez pour pas sentir que la fin de vie, ça a une odeur de lilas pis de chair qui cuit au soleil. »
3 – « Pourtant je respire de tous mes orifices, pis ça sent juste la terre mouillée, la glaise du vase qui coule. »
2 – « Ça sent peut-être les confettis pis les grains de riz. Y’a des gens qu’on a marié ici hier. »
4 – « Des inconscient tu veux dire ! Des gens courages, des gens heureux, mais ça reste des gens, c’est rien, c’est des plaies de lit pis de la croûte de vie. »
5 – « T’as raison, faut aimer gros comme c’est pas possible, gros comme deux galaxies pis une couple d’univers aussi pour accepter de se marier, t’sé. »
1 – « Comment ça ? Qu’est-ce tu dis-là? Je veux me marier, moi, pis vite à part de ça. J’attendrais pas d’être en ride pour pu ressentir la douceur d’une peau d’homme contre la mienne ! »
Stupéfaction. On trouve peut-être que c’est odieux de parler de son mariage à l’enterrement d’une des nôtres.
1 – « Moi, j’aurai aimé ça qu’elle descende l’allée avec moi, quand je vais m’anneauter. J’aurai aimé ça qu’elle pleure des grains de riz de jasmin avec vous. »
Petit silence de malaise.
5 – « Y fait beau, aujourd’hui, hein, pour des funestes railles. Moi j’aimerais ça qu’on m’assouplisse un jour comme aujourd’hui, dehors même l’herbe sent meilleur. »
1 – « Vous serez pas là, hein ? Vous allez me planter là comme une vieille pancarte de maison à vendre pis vous allez me regardez vieillir pis blanchir pis disparaître ? »
5 – « T’aimerais-tu ça porter dans tes bras ton mari épuisé d’avoir des cors aux pieds, ton mari épuisé d’avoir trop rêvé, ton vieux bonhomme rêche pis malade à coups de mirages pis d’espoirs pourris ? Avec des veines saillantes pis du poil de nombril à force de trop se regarder moisir ? »
4 – « T’as hâte, toi, de cimenter ta vie à celle d’un homme cafard, qui va penser juste avec son bout venimeux, qui va penser juste à te culbuler pis à te transpercer jusqu’à ce que tu l’implores de salir tes petites cuisses vierges? »
3 – « Tu veux ramasser des pelures d’oreilles, des bouts de hanches, des amoncellements de crachats jusqu’à ce que tu te noies dans la peau grise? »
2 – « En veux-tu encore, des larmes de grain de riz ? Des étourderies ? Des tours de riz ?»
7 – « C’T’ASSEZ ! ARRÊTEZ ! »
Les 5 se figent pendant que 6 entre doucement. Elle porte un foulard de laine et un arc-en-ciel en carton, qu’elle dépose devant l’autel, devant la croix et le flamant. On sent que les autres la respectent et s’en veulent de s’être emportées de la sorte.
6 – « Ça va faire les autoroutes inarticulées. Regardez-vous, r’gardez dans quel gouffre on se saupoudre. Moi je suis déjà morte un peu je crois, pis je vous jure sur sa mémoire que j’vous laisserai pas vous déchirer comme ça. Faites-pas des faces d’enterrements. On est venue ici pour s’amuser, vous l’savez ça. C’tait important pour elle. »
5 – « Si c’tait aussi important que tu le dis, moi aussi je vais décider de ma fin de vie drette-là, maintenant. Sur le parvis de la cathédrale, c’est là que je vais venir jouir de la vie qui s’embourbera hors de moi quand ce sera le moment choisi. Pis je vais vous donner rendez-vous ici, pour vous voir pleurer ma petite personne choyée et pelleteuse de nuages qui peut enfin s’exaucer. »
7, soudain – « Vous pouvez ben vous nourrir de vos suppositions mais pas de ma vie oubliée. Si j’avais choisi, si j’avais pu, vous pensez vraiment que j’aurais choisi votre existence terne pis fade pis inodore ? Des lambeaux de peaux se détachent de mes bras, et fréquemment, je fouille en moi, dans les trous de couteaux de celui qui a choisi pour moi que ma vie s’étiolerait ainsi. Chaque matin, j’aurore vos souvenirs et je croque les grumeaux de pluie, ça me gèle le cerveau. »
Les autres se sont recueillies une dernière fois près de l’urne. Une musique commence, c’est une petite mélodie instrumentale.
1 – « J’aime pas ça, mordre dans mes joues pour m’empêcher de pleurer, pis boire le bruit de ma tendresse éparpillée. Je pense pas que je vais me marier, t’sé. Je disais ça pour rire. »
2 – « J’hais ça, des funérailles comme ça, de la noirceur à grosse pelletée. J’aurai voulu valser. Pis manger des raisins avec des craquelins de sons et d’amitiés. »
3 – « Moi je prie pas, elle en a pas besoin pour s’habituer à son corps d’oxygène. C’est pour moi qu’on devrait prier un peu des fois, quand j’ai la tête dans un étau pis le cœur à côté de moi. »
4 – « J’aime ça, respirer les sanglots échappés, les sanglots qui vont nulle part. Les soupirs réchauffés. Les crampes abdominales. J’aime ça. »
5 – « J’aurai aimé ça qu’on m’entaille l’âme à sa place. J’aurai aimé ça qu’y’aille des lampions sur l’autel. Ça aurait fait plus officiel, t’sé. Moins mort. »
Petit silence.
5 – « Pensez-vous qu’il y a de la tapisserie, au paradis ? »
6 – « Oui. »
7 – « Bon, on commence-tu la cérémonie, là? »
Les 6 autres personnages prennent place sur les chaises, respectueusement, puis la lumière s’éteint.
FIN DE LA SCÈNE.
jeudi 19 mars 2009
Ceci n'est pas un fait vécu (à titre informatif seulement)
À la maison de nos premiers pas
mardi 17 mars 2009
Ça m'est pas vraiment arrivé - je tiens à le préciser !
dimanche 8 mars 2009
Si j'étais l'art (3)
Arff, je sais pas, je sais plus trop.
Mais ça donne ça.
Si j'étais l'art (2)
C'est pas très beau ni très léché, mais ça sera ça.
'Me reste la jeune fille juive et le soldat avant de passer à un autre travail. On lâche pas!
Si j'étais l'art (1)
Gros travail scolaire ce soir, gros travail de création.
Nous avons esquissé une scène sur l'art au temps de la guerre, comment l'art sauvait des vies et des juifs dans les camps de concentration. En gros, l'art parle de lui-même, un enfant parle de l'art, une jeune juive aussi, et le soldat lui-même s'adresse à la foule.
Excusez-moi mais non, je ne crois pas être capable de créer tout ça vite comme ça. Ça cogite et ça tourne dans ma tête depuis très - trop - longtemps, et non, ce soir, ça ne sort pas.
Bon, je ne le rendrai pas demain, je crois.
Aïe,aïe,aïe...
« 39-45. On empile au loin les corps des juifs, des handicapés, des gitans, des laisser pour compte qui n’ont pas eu la chance d’être blonds aux yeux bleus ou à tout le moins bruns aux yeux bruns, peu importe, ces hommes qui n’ont jamais eu de chance. Race supérieure, rat, chiens, idées de grandeur, la folie meurtrière d’un seul homme nous conduit dans un gouffre de peaux et de douleurs, la guerre dans toute son atrocité.
Ma voix fredonne faiblement les soubresauts de ma vie qui s’étiole. Je me fais bouée et ancre, on s’accroche à moi pour oublier les bombes et les toits qui tombent. On m’arrache, on m’enseveli, mais on résiste aux assauts en mon nom, en répétant inlassablement mes chansons, mon nom et mes couleurs au milieu de la grisaille permanente. »