mardi 17 mars 2009

Ça m'est pas vraiment arrivé - je tiens à le préciser !

J'ai rongé mes ongles un par un, tranquillement, en te regardant pleurer. J'ai croqué à pleine bouche mes beaux ongles longs, lentement, mais de toute façon, tu n'avais pas la force de m'arrêter. Tu disais que ce n'était pas si grave, après tout. Que c'était un égarement, une erreur. Tu t'excusais et moi, je m'arrachais la gorge des lambeaux de mes doigts.

J'ai toussoté un peu, je regardais, je sais pas, je ne te regardais pas en tous cas. Je regardais mes ongles saignés et mes doigts tremblés. J'ai pensé à mes pas dans l'escalier et à tes pas dans la chambre et à son mouvement de bassin sur mon lit que je connaissais si bien pour m'y être mue aussi. J'ai pensé que dans les films, je t'aurais giflé pour ça, et j'aurai planté dans son coeur à elle des poignards de mes ongles et j'aurais craché dans ses plaies pour que ça s'infecte.
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Mais je n'ai rien dis. Je rongeais mes ongles en attendant que tu en finisses. J'ai mastiqué la peau autour aussi, pour être certaine de n'avoir plus rien à ronger ensuite, au cas où tu reviendrais me supplier. J'ai brûlé l'édredon et tu as pleuré encore plus, tu l'aimais, que tu disais. Moi je l'aimais avant qu'elle jouisse sur lui.
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Je t'ai dis tu aurais pu avoir la décence d'aller faire ça ailleurs que dans ma chambre moi maintenant je ne peux plus vraiment dormir je ne peux penser qu'à elle en toi et qu'à toi qui va et vient dans elle comme dans ces vagins de plastiques sensés simuler l'acte ces vagins-là que j'ai déjà offert à un ami gai à son anniversaire. J'ai brûlé l'édredon et les draps, les draps qui se mariaient si bien avec la couleur des murs. Avoir pu, j'aurai brûlé la couleur et les odeurs et ma vue et tes yeux et tout.
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Avoir su, ce soir-là, je l'aurais laissé me prendre contre un mur j'aurais mis son doigt dans mon vagin de chair et j'aurai joui, moi aussi. J'aurai joui dans l'escalier et sur la table de cuisine et même sur la table de poker et partout ailleurs encore, je crois même que je t'aurais invité à te joindre à nous pour compléter le portrait parfait de la déchéance de ce qui fut un jour nous.
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Alors j'ai rongé mes ongles et j'ai attendu que tu en finisses, photographiant mentalement l'image de ton pénis que je ne reverrais jamais ou , en tous cas, pas dans ces circonstances-là. Peut-être déboulant les escaliers, vide de toi mais pas de moi, en tous cas, peut-être, je sais pas, je sais plus grand chose,moi.

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