dimanche 1 mars 2009

Marguerite

J'ai roulé toute la nuit sans vraiment regarder derrière ni devant, juste en te regardant toi, qui dormait sur le siège, beau comme un ange, beau comme les marguerites qui commençaient à pousser en bordure de l'autoroute. J'ai pensé au tournesol qui pousseraient eux aussi quand l'été serait là et j'ai pensé, je pense toujours trop, qu'il n'en aurait sûrement pas de tournesols là-bas.

Tu ne pouvais pas conduire la nuit parce que tu te laissais bercer par la voix des étoiles et la chaleur de la nuit et tu t'endormais comme si tu étais couché dans nos draps blancs. Alors je buvais mon grand café tellement sucré que j'ignorais s'il contenait ou pas de la caféine et je conduisais en regardant ta bouche à moitié ouverte et ton souffle à moitié ronflant et je t'aimais, je t'aimais comme si c'était la première fois que je te voyais quand pourtant je cotoyais ta peau et tes rêves et tes envies depuis déjà si longtemps. Comme si c'était hier. J'ai eu envie de te réveiller pour que tu vois les marguerites et pour te parler des tournesols et même des pissenlits et te rappeler le beau parc plein de peupliers et de grands arbres dont j'ignorais le nom le parc où nous nous étions rencontrés mais je me suis empêchée de le faire, toi quand tu dors de toute façon tu n'écoutes pas mes réflexions spontanées.

J'ai eu envie aussi de me glisser en toi, de m'asseoir sur toi et de te dire allez, faisons l'amour sous les étoiles et les nuages et les marguerites, faisons l'amour tout de suite, avant même de toucher les draps douteux de notre lit de motel qui ne remplaceront jamais tes draps blancs dans lesquels nous nous sommes réfugiés si souvent. Faisons l'amour pour oublier un peu que nous nous sauvons de nous-mêmes, que nous partons à l'aventure sans trop savoir où elle se trouve. Mais toi tu dormais et je n'osais pas te réveiller pour te parler de fleurs et de baisers, alors j'ai continué à penser beaucoup trop en silence et toi tu as souri dans ton sommeil.

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